mercredi 11 avril 2018

Découvrir la collection Ciné-roman

Ciné-roman


Professeurs de FLE, nous utilisons aujourd'hui fréquemment courts-métrages et extraits de film comme support d'activité, autant en réception qu'en production. Professeurs de lettres, nous avons recours à la séquence de film pour appuyer la lecture et l'analyse de textes littéraires, tout aussi fréquemment.

Grâce à la collègue documentaliste de mon établissement, j'ai découvert récemment une collection, chez Actes Sud, qui réunit court-métrage de qualité et récit littéraire.


La présentation de la collection par l'éditeur ici 

Le mariage en papier, Stéphanie Duvivier, Actes Sud Junior (2010)

De l'image à l'écrit, de l'écrit à l'image


Le premier mouvement est de travailler par comparaison le récit écrit et l’œuvre filmique. 
Le mariage en papier s'y prête bien. Par exemple, aux quatre premiers chapitres du récit correspond le pré-générique du court-métrage. Ce sera là matière à observation et analyse avec nos élèves. Il sera pertinent de mettre en avant l'efficacité du récit en images, et de s'intéresser à l'implicite dans le récit filmique.

Des questions relatives au traitement esthétique et à la narration pourront ainsi être abordées par le biais de l'étude comparée.

L'aîné de mes soucis traite d'un sujet grave, le cancer, et du regard de l'autre sur le malade. Le registre burlesque sous-tend le récit filmique : il est bien moins présent dans la version écrite. La perruque s'envolant au vent, de la maman atteinte de la maladie, constitue ainsi le leitmotiv tragi-comique du court-métrage, tandis qu'elle n'est qu'un élément du récit écrit.

L'aîné de mes soucis, Carine Tardieu, Actes Sud Junior (2005)

Dans ce type d'activité, demandons-nous aussi par quoi débuter : la lecture du roman (une oeuvre courte) ou le visionnage du film ? Comme très souvent, cela dépendra de notre projet, de notre public et de nos objectifs.

Si nous avons un objectif d'écriture, débuter par le visionnage du court-métrage, poursuivre par une activité d'écrit narratif transposant une scène précise, terminer en lisant le passage du roman correspondant sera pertinent.
Dans un projet de classe associant écriture cinématographique et analyse des procédés de narration, il sera plus intéressant de débuter par la lecture de passages du récit et de faire analyser ensuite les choix techniques et esthétiques présents dans le film.

A la rencontre des cultures


Le ciné-roman Le mariage en papier présente une thématique interculturelle intelligemment construite. Ce pourrait être le fil conducteur d'une étude du court-métrage avec nos élèves.
L'une des scènes-clés, dans la deuxième partie du film, est celle qu'illustre d'ailleurs la photo de couverture. Hébergée par sa belle petite-fille, qui ne l'est que sur le papier, la grand-mère marocaine décide de laver l'épouse de son petit-fils au gant de crin, à la façon de chez elle. 
Incompréhension se muant en compréhension de l'autre, antagonisme des cultures se muant en acceptation de la culture de l'autre, tout est dit dans ces quelques répliques (celles en italique en arabe).

- Non, n'aie pas peur. Je vais t'aider. Non, ne bouge pas. Tu ne parles même pas l'arabe, comment faire !
- Non, non merci. C'est gentil.
- Calme-toi.
- Non, ça va.
- Vous ne savez pas vous laver comme nous
C'est pas vrai, je ne te fais pas mal.
- Ça fait mal !
- Tu m'appelles "Moui". Tout va donc très bien. 
Donne-moi ta main.
- Aïe, aïe.
- Moi aussi "ah".
Donne-moi l'autre moi. Je vais tomber.
- Je ne comprends pas ce que tu dis.
- Dis-moi ce que tu veux, je ne comprends pas.
Mais nous sommes là, ensemble. (rires)
Ris, c'est bien.

Une scène du court-métrage à analyser dans le détail et à lire dans la version papier.        

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